Le boléro est une danse qui apparaît en Espagne au XVIIIème siècle. Bolero doit aujourd’hui sa renommée et sa majuscule, au compositeur Maurice Ravel (1875-1937). Avant de reprendre son autonomie, cette musique avait été composée pour un ballet. En 1928, Ravel et Nijinska – qu’on appelle aussi «La Nijinska» – se retrouvent impliqués, par leur commanditaire Ida Rubinstein (1885-1960), dans un «ballet à caractère espagnol». Ravel décide d’orchestrer six pièces extraites d’Iberia d’Albeniz mais un problème de droits va le détourner de son objectif. Et le compositeur s’engage à contrecœur – selon ses mots – vers «un thème qui ne va pas durer une minute mais que je vais répéter jusqu’à 18 minutes en comptant» qui devient le Bolero. Quant à Nijinska, elle détourne le livret de Ravel qui situe l’action au sortir d’une usine et l’introduit dans une taverne : sur une table, une danseuse danse sous la lampe «devant vingt mâles fascinés par l’incantation charnelle d’une seule femme». La première représentation fut donnée à l’Opéra Garnier, le 22 novembre 1928.
Un Bolero que Dominique Brun chorégraphie aujourd’hui, avec et pour François Chaignaud, dérive de ce tout premier Bolero, il s’en détourne aussi. S’il emprunte à la chorégraphie de 1928 la table sur laquelle évolue la danseuse et la basquine de sa robe espagnole, quelque photographies et notes de Nijinska, il convoque aussi d’autres mémoires qui «aiment à chasser dans le noir» : celles de Kazuo Ōno (1906-2010) et de Tatsumi Hijikata (1928-1986). Dans les années soixante-dix, ces derniers rendent hommage ensemble à une autre danseuse de la même époque que La Nijinska : La Argentina (1885-1960), en déclinant de façon incroyablement inédite l’image iconique de la danseuse de flamenco au plus près d’une «révolte de la chair». Vêtu d’une longue robe, le danseur alterne tournoiement, staccato du pied, ralenti des bras et du torse, son corps entre en résistance avec la martialité du rythme pour mieux déjouer l’autorité de la musique.
Chorégraphie Dominique Brun et François Chaignaud
Interprétation François Chaignaud ou Massimo Fusco
Assistante auprès de Dominique Brun Judith Gars
Recherches historiques Dominique Brun et Sophie Jacotot
Photographies des archives Ivan Chaumeille
Interprétation François Chaignaud ou Massimo Fusco
Musique Robin Melchior, arrangement pour chœur et petit ensemble du Bolero de Maurice Ravel
Interprétée par l’Ensemble vocal Aedes et 5 musiciens de l’orchestre Les Siècles
Direction Mathieu Romano
Version orchestrale interprétée par Les Siècles
Version piano à 4 mains interprétée par Sandrine Legrand et Jérôme Granjon
Costume Romain Brau
Scénographie Odile Blanchard – Atelier Devineau
Direction technique Christophe Poux
Lumières Philippe Gladieux
Son Eric Aureau
Durée 18 minutes
PRODUCTION Les porteurs d’ombre
COPRODUCTION Association du 48 — Le Volcan, Scène nationale du Havre — Chaillot – Théâtre national de la Danse — Les 2 Scènes – Scène nationale de Besançon — Théâtre du Beauvaisis – Scène nationale — Le Quartz – Scène nationale de Brest — Théâtre Louis Aragon, Scène conventionnée d’intérêt national Art et Création – Danse de Tremblay-en-France — Ménagerie de Verre (Paris) — CCN Ballet de Lorraine — La Briqueterie – CDCN du Val-de-Marne — Le Grand R – Scène nationale La Roche sur Yon
AVEC LE SOUTIEN de Mécénat Musical Société Générale, L’Adami et du fonds de dotation du Quartz (Brest)